Biographie de l’Auteur

Euripide est un dramaturge grec du siècle de Périclès, le troisième dans la succession des trois légendes de l’Athènes classique, après Eschyle et Sophocle. Il nait en 480 avant Jésus-Christ à Salamine et meurt en exil en Macédoine en 409 avant Jésus-Christ.

Brève biographie

La légende dit qu’il nait le jour de la bataille de Salamine, à laquelle participe son ainé Eschyle. Son père serait un commerçant au détail et sa mère une vendeuse d’herbes, ce qui le rendrait de basse extraction, mais ceci est contredit par la qualité de son éducation.

Il écrit sa première tragédie en – 455 : Les péliades.

Ses tragédies sont souvent catégorisées de la façon suivante : les grandes tragédies, les tragédies inspirées par le contexte de la guerre du Péloponnèse, les tragédies à l’intrigue plus romantique, et les dernières, marquées par le pessimisme et surtout l’amertume liée à l’exil. On a conservé beaucoup plus de pièces d’Euripide que d’Eschyle ou Sophocle. Ses pièces les plus célèbres sont Alceste, Médée, Les suppliantes, Iphigénie en Tauride, Les Troyennes, Les Bacchantes.

Son œuvre, plus pessimiste que celle de ses illustres ainés, a été influencée par son époque, caractérisée par l’essor des Sophistes, Socrate, avec lequel il était ami et avec qui on l’associe souvent, par le sentiment de déclin d’Athènes.

L’art d’Euripide

Il est souvent comparé à ses illustres ainés. L’art d’Euripide se caractérise par l’ambiguïté des sentiments et des personnages, la fin des cadres psychologiques rigides, séparant les Dieux et les humains, les héros et les autres, les hommes et les femmes, les sentiments nobles des autres. Avec Euripide, on sort de l’âge épique et on entre dans le modernisme fait d’«anti-personnages» aux sentiments complexes, où les mythes sont humanisés, actualisés, rendus accessibles par le réalisme des dialogues.

Euripide et Socrate

Euripide est un produit des Sophistes et de Socrate. Des Sophistes pour l’abandon des grands idéaux typiques de l’âge épique, dont on verra la résurgence avec les romans de chevalerie du Moyen Age et le Romantisme au Dix-huitième siècle. De Socrate pour la teneur des dialogues et aussi ce moralisme pétri d’un certain humanisme présent à tous les instants de l’existence, afin d’oublier la difficulté de la vie. Fondamentalement, Euripide envisage la vie moderne. Il vit comme Socrate dans un monde sans Dieux.

Euripide et Nietzsche

Parmi ses plus fameux détracteurs, il y a Nietzsche. Le grand philosophe allemand exècre Euripide presque autant qu’il exècre Socrate, à qui il reproche de faire entrer l’homme dans l’ère moderne de l’abaissement, du soi-disant optimisme, sous le couvert de la raison. Pour Nietzsche, Euripide tue la tragédie en en expulsant les Dieux, afin de faire de l’homme et de sa rationalité le centre du monde, précédant et annonçant ainsi les sociétés modernes pour les deux mille ans qui viennent. Voici ce qu’il en dit dans La naissance de la tragédie :

« Avec Euripide, c’est le spectateur qui monte sur la scène. […]Avec lui, c’est l’homme de tous les jours qui passe des gradins à la scène et le miroir, qui ne reflétait naguère que les traits de la grandeur et de l’intrépidité, accusa désormais cette fidélité exaspérante qui reproduisit scrupuleusement jusqu’aux ratés de la nature. […] Ce dont Euripide se fait un mérite dans Les grenouilles d’Aristophane- d’avoir, grâce à ses remèdes de bonne femme, débarrasse l’art tragique de son embonpoint pompeux- on en voit surtout le résultat sur les héros de ses tragédies. Et pour l’essentiel, ce que le spectateur voyait et entendait sur la scène euripidienne, c’était son propre double, qu’il se réjouissait d’entendre si bien parler. »

Euripide et Aristophane

Aristophane passe son temps à moquer Socrate et Euripide. Il considère l’œuvre du dramaturge comme savante, bavarde, encombrée de psychologie à la petite semaine. Euripide, c’est bien le théâtre de la fin de l’héroïsme et des mythes.

Nietzsche, encore lui, explique en ces termes la critique d’Aristophane et la sienne :

« Ce même esprit non dionysiaque, hostile au mythe, nous le voyons d’autre part à l’œuvre dans la prépondérance croissante que la peinture des caractères et le raffinement psychologique prennent dans la tragédie à partir de Sophocle. On ne demande plus au personnage de s’élargir aux dimensions d’un type éternel mais au contraire de produire, par traits accessoires et nuances artificielles, par la minutieuse précision des contours, un effet d’individuation tel que le spectateur finit par ne plus rien ressentir du mythe mais goûte simplement la puissance du naturel et les capacités imitatives de l’artiste. » (in « La Naissance de la Tragédie »)

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